#2-Grand Cru Frankstein, vision de l'Agriculture par Florian Beck-Hartweg

Vue depuis le Grand Cru Frankstein vers la chapelle Saint Sébastien et le village. Crédit Photo F.Beck-Hartweg

Vue depuis le Grand Cru Frankstein vers la chapelle Saint Sébastien et le village. Crédit Photo F.Beck-Hartweg

L’Alsace viticole est une bande de terre longue et très étroite situé au pied du Massif Vosgien qui comprend 51 Grands Crus avec des sols très différents. Ils représentent 4% de la production des vins de la région. La région est une véritable mosaïque de terroirs qui ont tous des spécificités et une histoire propre à des faits géologiques.

On va s’attarder sur le Grand Cru Frankstein parce que sa géologie est spéciale mais aussi car c’est sur ce terroir que Florian Beck-Hartweg réalise ses vins, sur la commune de Dambach-la-Ville, située au piedmont des Vosges. Il y a quatre Grand Crus granitiques en Alsace dont le Frankstein qui est en fait un morceau Massif des Vosges qui s’est effondré il y a bien longtemps. Il est le seul Grand Cru délimité sur quatre coteaux exposés Sud ou Sud-est spécifiquement, pauvres en éléments organiques mais très riches en minéraux. "La composition granitique de Dambach-la-Ville se caractérise par la présence de quatre minéraux : Le Quart, silice pure de nature acide. Le mica blanc. Le mica noir. Le feldspath qui se transforme en argile en feuillets.

Le sol du Frankstein est très léger, pierreux et sablonneux, peu profond. Ces roches emmagasinent la chaleur durant la journée pour la restituer la nuit. Ce sous-sol se présente sous forme d’une roche qui se décompose en surface sous l’action du gel et du dégel, et celle de la vie microbienne du sol. En résulte un mélange de pierres et de sable, un composé que l’on nomme « arène granitique » Cette roche en désagrégation libère les minéraux. Le mica, par exemple, a une structure feuilletée proche de l’argile. En présence d’eau, ces feuillets gonflent et libèrent les éléments qu’ils contiennent, notamment du fer et du magnésium. Ces minéraux particuliers au granit se retrouvent dans les vins et leur confèrent une minéralité fine et salivante caractéristique »

J’ai demandé à Florian Beck-Hartweg d’écrire un petit texte pour expliquer son approche et sa vision de l’agriculture, il est le mieux placé pour parler de son travail dans les vignes et au chai.

"Dans notre approche du vin, deux objectifs sont fondamentaux pour nous: le respect de notre environnement et l'expression de la personnalité du terroir dans les vins. Le point de lien entre ces deux objectifs est la santé des sols, c'est pour cette raison qu'elle est fondamentale à nos yeux. Car un sol vivant, c'est l'assurance d'une vigne équilibrée, en bonne santé, qui ne nécessite pas d'intervention chimique. C'est aussi l'assurance d'un bon enracinement, qui permet une expression fidèle au terroir grâce à des raisins mûrs, sains, équilibrés, et chargés de minéraux.

La base pour un sol vivant, c'est évidemment de ne pas avoir recours aux produits chimiques de synthèse, destructeurs de la vie nécessaire à un sol en bonne santé. D'ou notre choix de la viticulture biologique. Mais il est évidemment important d'aller plus loin: la couverture végétale des sols permet d'avoir une belle biodiversité, une flore riche qui va protéger les sols des intempéries (pluies fortes, soleil brulant etc), qui va favoriser l'installation d'une faune diverse, entre insectes, vers de terre et bactéries. Par son enracinement, cette va permettre d'aérer les sols de manière naturelle.

Très important pour nous également, effectuer un maximum de travail à la main et éviter le mécanisation pour ne pas tasser les sols. L'objectif est aussi de faire un travail plus précis, de limiter notre consommation de carburant et de replacer l'humain au centre de notre mode de culture. 
Avec tout ceci, nous obtenons des raisins bien sains, mûrs, chargés de la personnalité du terroir. La vinification est donc un simple accompagnement pour transmettre toutes ces qualités dans les bouteilles. Nous travaillons de manière naturelle en cave pour permettre la fidélité de cette expression"

J’ai rencontré Florian plusieurs fois et à chaque visite j’ai beaucoup appris sur la région, la place et sur ses vins. Des vins sans soufre ajouté depuis 2010, car faire des vins sans intrants, seulement avec des raisins, sans filet ça prend du temps, de la maitrise et pas mal de connaissances. Il fait parti de ces vignerons, très engagés dans la défense de l’Agriculture Biologique, qui font bouger les choses en s’impliquant localement dans divers regroupements. Dégustateur hors pair, il est le successeur de Jean Michel Deiss comme Président de l’Université des Grands Vins, un regroupement ayant une approche de la dégustation géo-sensorielle plus axé sur le lien entre un terroir et la dimension tactile d’un vin.

Si je devais définir le vin naturel auquel on cherche à coller une étiquette récemment, ses vins en seraient ma définition. Une agriculture soignée sans utilisation de chimie ou autres molécules de synthèse, respectueuse de la biodiversité dans les vignes et dans le sol. Une continuité qui se retrouve dans le travail au chai. Et surtout une vision sur le long terme en pensant aux générations futures qui un jour reprendront le flambeau.

Il y a une chose que je peux vous dire sur Florian Beck-Hartweg, c’est qu’il est un vigneron avec beaucoup d’humilité, passionné et très talentueux. Ses vins sont splendides et retranscrivent à merveille le terroir du Frankstein. Tout naturellement.

Allez faire un tour sur son Facebook, il explique son travail et ses photos sont splendides.

Vue sur Le Rittersberg et l’Ortenbourg. Crédit Photo F.Beck-Hartweg

Vue sur Le Rittersberg et l’Ortenbourg. Crédit Photo F.Beck-Hartweg

Source - vinsalsace.com Texte : Florian Beck-Hartweg Rédaction : N.Despeyroux https://universitedesgrandsvins.wordpress.com/